Lundi 13 avril 2009

La mer est souvent cruelle et, de tous temps et en tous lieux, les marins ont manifesté une grande ferveur religieuse pour obtenir la protection divine ou faire part de leur reconnaissance après avoir réchappé à une fortune de mer.

A Gruissan ces rites ancestraux perdurent.

Il existe, dans le massif de la Clape, dominant la mer, une chapelle votive dont l’origine remonte au 11^ème siècle, appelée « Notre Dame du Bon Secours » ou, aujourd’hui, « Notre Dame des Auzils ». ( prononcer A.O.U.Z.I.L.S).

Le sentier escarpé accédant à la chapelle est un cimetière marin, unique en France suivant cette configuration: il est bordé des tombes -sans corps- des « péris en mer » (il existe des cimetières classiques dits « marins », tel celui de Sète).

Les cénotaphes rappellent le souvenir de ces marins disparus aux quatre coins du monde et les épitaphes invitent les passants ou pèlerins à prier pour eux.

Ils sont peints uniquement en noir et blanc, couleurs qui dans la signalisation maritime annoncent un danger.

La chapelle renferme de nombreux ex-voto (peints en trompe l’œil sur les murs depuis le vol des originaux), qui sont, soit des vœux formulés par les marins ou leur famille pour obtenir la protection divine, soit des remerciements par ceux qui ont bénéficié de cette dernière.

Souvent un texte émouvant est là, soit en supplique dans le cas de voeux, soit en rappel du détail de l’évènement tragique pour les rescapés.

Parmi les tableaux, ceux de la SNS 119 (qui est baptisée, faut il s’en étonner, "Notre Dame des Aouzils II"), ceci suite à de périlleux sauvetages ou à un chavirage du canot.

Mais il y a également des maquettes de bateaux de tous types : bricks, grands voiliers, modestes bateaux de pécheurs…Encore une fois, notre vedette (maquette réalisée en 1984 par Paul Muringer) est là.

Depuis la catastrophe qui vit la mort de trente deux marins pécheurs de Gruissan en l’an V de la République, un pèlerinage annuel à lieu le lundi de Pâques : croyants ou non croyants sacrifient, aujourd’hui encore, au respect de cette tradition.

L’équipage de la SNS 119 participe à cet évènement.

Sur chacune des tombes, lecture est faite de l’épitaphe : le prêtre - mais aussi notre ancien patron Jean Carbonnel- énoncent parfois une anecdote complémentaire sur le drame qui a, dans certains cas,emporté des familles entières.

Une prière est récitée par les fidèles.

Une messe clôture cette coutume.

Et s’ensuit, pour l’équipage, un bon repas au poste (merci à nos épouses).